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Sexe, drogue et littérature jeunesse Peut-on tout mettre entre les mains des enfants ? Où s'arrête la littérature jeunesse ? Telles sont les questions qui se lisent en filigrane derrière la polémique provoquée par le roman Tender Morsels, de Mango Lanagan. Il faut dire que lorsque le mot "salope" ainsi qu'une scène de relation sexuelles entre une sorcière et un nain occupent une bonne partie de la toute première page d'un roman présenté tous publics qui en passe aussi par un viol en réunion un peu plus loin, certaines voix s'élèvent fatalement... Anne Fine, auteure, note qu'en étudiant les retours de lecteurs sur le web, "presque tous les parents ont jugé le livre plutôt inapproprié. La plupart des enfants ont aimé le livre mais parmi les filles, beaucoup l'ont trouvé effrayant et répugnant". Philip Pullman s'est aussi laissé aller à quelques commentaires. A son goût, la couverture y est pour beaucoup ; le roman ayant bénéficié d'une couverture jeunesse et d'une édition adulte, et la mystérieuse illustration choisie pour l'édition jeunesse attire sans pour autant évoquer le contenu. "Les couvertures peuvent beaucoup vous en dire", explique-t-il. Quant au contenu et au besoin d'une possible classification, l'occasion était trop belle pour ne pas être saisie : "Cette idée vient d'une peur malvenue et d'une nostalgie sordide pour ce à quoi ressemblaient autrefois les livres. (...) Je ne pense pas que la littérature jeunesse doit s'interdire d'aborder certains thèmes. Pourquoi prendre une telle position, sachant que les enfants pourront rencontrer de bien pires choses dans la vraie vie, depuis le divorce - autrefois terrible et tabou - jusqu'au sexe et au trafic de drogue ? " Un sujet sur lequel rebondit un autre auteur de littérature jeunesse, Michael Rosen : "Si vous avez chez vous un livre estampillé à partir de neuf ans, est-ce que cela arrêtera un enfant de huit ans ? Un livre est un espace publique et on ne peut le contrôler. C'est pourquoi nous parlons de république des lettres. Ce sont les Puritains qui s'inquiétaient des désirs intimes des gens. Chercher à contrôler les lectures constitue la dernière vrille du puritanisme". Le débat n'en reste pas moins ouvert... Source posté par Haku le samedi 11 juillet 2009 à 19:54:57 | ||
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